

Les premiers coups de cor résonnent comme si la musique venait d’une crypte profonde, du royaume des morts, puis tout prend vie d’une manière absolument inimaginable, les sons atteignent le ciel, des petits lutins font des bêtises, le tout dans un décor surréaliste. Cette bataille entre les forces du bien et du mal, entre la vie et la mort, se poursuit tout au long du mouvement, parfois avec des crescendos effrayants qui donnent à la bataille infernale-céleste un caractère d’horreur encore plus captivant.
Païta martèle le scherzo comme s’il était Alberich à la tête de ses serviteurs dans la forge des enfers avant que Wotan ne descende. Et il lève les yeux moqueurs vers le trio, se baignant dans une mer royale de fleurs tandis que ses serviteurs l’éventent et le mouillent. Il faut à Païta un peu moins de huit minutes et demie pour cette pièce effrayante, alors que la plupart des chefs d’orchestre ont besoin d’un peu plus ou d’un peu moins de 11 minutes.
Et puis dans l’Adagio suit l’impuissance dans cette lutte pour la vie et la mort. Où nous mène la musique, que nous dit-elle, et tout d’abord elle parle des fardeaux de la vie. Avec Païta, elle se plaint plus violemment, plus perçante, plus douloureusement qu’avec d’autres chefs, traduisant la déception et le mécontentement. Dans l’œuvre de Païta, la rédemption n’a pas lieu ; il montre dramatiquement à quel point cette œuvre est inachevée.
Et donc la seule conclusion qui reste est que cette Neuvième avec Païta est un événement, une confrontation sauvage qui ébranle les fondements de la perception de cette œuvre. Indispensable !