Dmitri Chostakovitch : Sonate pour alto et piano op. 147 + Impromptu op 33 – Valentin Silvestrov : Élégie + Epitaphium (L.B.) + 3 intermezzi + triptyque ; Ettore Causa, alto, Boris Berman, piano – Le Palais des Dégustateurs PDD041
Critique de Rémy Franck
La Sonate pour alto et piano op. 147 est la dernière œuvre de Dmitri Chostakovitch. La partition fut achevée le 5 juillet 1975, la veille de l’hospitalisation du compositeur, où il succomba à un cancer du poumon un peu plus d’un mois plus tard. Les trois phrases se terminent par l’instruction « morendo ». Dans l’interprétation d’Ettore Causa et de Boris Berman, la mort est présente dès le début. L’alto et le piano semblent errer dans un paysage sombre et sombre avant qu’un dialogue plus intense et passionné n’émerge. Ensuite, le piano semble vouloir taquiner l’alto, mais l’alto se plaint.
Le deuxième mouvement, Allegretto, devient ici un scherzo sarcastique. L’Adagio, écrit à la mémoire de Beethoven. est rempli d’une mélancolie qui ne semble plus être de ce monde. Chostakovitch dit au revoir avec des citations de la Sonate au clair de lune et de ses propres œuvres. L’interprétation de Causa et Berman est convaincante, presque anémique vers la fin.
Suivent ensuite le premier enregistrement troublant et désespéré de l’Élégie de Silvestrov, ainsi que d’Epitaph (L.B), l’hommage de Silvestrov à sa femme décédée prématurément, dans la version pour alto et piano.
Avec les trois intermèdes composés pour Boris Berman surgit une gaieté très sobre, qui débouche finalement sur le triptyque que le label Le Palais des Dégustateurs a commandé à Silvestrov. Le compositeur l’appelle « une voix pour ce qui compte vraiment, l’humanité, la compassion et la croyance inébranlable que la vie elle-même est sacrée ». »
Ce qui est indubitable dans la nouvelle œuvre, c’est la beauté combinée au confort et même à un peu d’espoir. Berman et Causa réussissent une interprétation émouvante de la nouvelle composition.
Le petit Impromptu pour alto et piano de Chostakovitch de 1931, un petit bijou, pose un accent conciliant à la fin de ce programme.
⇒ Lien vers l’article original de Pizzicato