Piotr Tchaïkovski : Symphonies n° 4 op. 36 et non. 6 op. 74 (Pathétique) + Marche esclave + Hamlet op. 67 + capriccio italien + Roméo et Juliette ; Orchestre Philharmonique de Russie, Orchestre Philharmonique National ; # Le Palais des dégustateurs PDD0437 ; Enregistrements 1980 & 1994, Sortie 04.2024 (66’14 + 79’58) – Critique de Rémy Franck
Cet album s’ouvre sur la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski, dans laquelle Carlos Païta recherche moins l’interprétation du destin que la maîtrise orchestrale de Tchaïkovski. L’approche passionnante et créative du chef d’orchestre conduit à un grand impact dramatique.
L’interprétation de la Marche slave est grandiose et émouvante, probablement l’une des meilleures de la discographie de ces compositions. Hamlet de Shakespeare a inspiré Tchaïkovski à écrire l’une de ses compositions les plus passionnées. Carlos Païta livre une interprétation absolument saisissante.
Le Capriccio Italien montre la capacité de Païta à bricoler le son tout en générant une puissance explosive, tandis que dans Roméo et Juliette, il se préoccupe beaucoup des ambiances et de la rhétorique musicale liée à l’intrigue.
Païta savait ce qu’est un Adagio, en quoi il diffère d’un Allegro, qui doit être joué « con gracia », et personne n’avait besoin de lui montrer à quel point un Allegro molto vivace devait être vivant. Il était passé maître dans l’art de représenter la passion et la tristesse. Il a donc combiné le tout – avec sa précision implacable – pour diriger une grande Pathétique, comme on peut l’entendre dans cet enregistrement. Le contraste entre la réflexion, la tristesse et l’extrême excitation dans le premier mouvement est absolument captivant. Il est intéressant de noter que l’excitation également entendue dans l’Allegro molto vivace, le troisième mouvement, pourrait laisser penser que Païta dirige ce mouvement particulièrement rapidement. Mais ce n’est pas vrai. Il est dans la même gamme de tempo que beaucoup d’autres chefs d’orchestre. La seule différence est le degré d’excitation !