Les coups de cœur de Musica et Memoria

Guy ROPARTZ – Albéric MAGNARD

Sonates pour violoncelle et piano

Alain Meunier, Anne Le Bozec

« […] Ropartz et Magnard furent amis. Natif de Bretagne, le premier vécut une grande partie de sa carrière dans l’Est de la France, non loin du second. Juriste de formation, issu d’une famille bourgeoise et cultivée, il fît ses humanités au collège de Jésuites de Vannes, étudia au Conservatoire de Paris auprès de Jules Massenet et Théodore Dubois avant de rejoindre César Franck et débuter une carrière musicale à Nancy. Directeur du Conservatoire de la ville puis de celui de Strasbourg, Ropartz dédia sa musique, mais aussi son œuvre poétique, que l’on connaît moins, à la culture Celte. Plus précisément encore, sa création demeure profondément enracinée dans le christianisme. Le chant de louanges qu’il offre à la Bretagne et sa passion toute française pour la paix universelle – dans le contexte d’une Troisième République qui s’armait depuis 1870 pour la revanche tant attendue – ne fut pas incompatible avec le pèlerinage qu’il accomplit à Bayreuth. D’ailleurs, la plupart des musiciens dont Magnard et Debussy perçurent, à l’Est du Rhin, chez “l’ennemi” même, la révélation d’un langage musical nouveau.  […] » (Stéphane Fiédérich, extrait du livret de présentation)

« Ces sonates pour violoncelle et piano sont d’une haute tenue et admirablement construites. Les deux interprètes, eux-mêmes bien connus et aux jeux plein de sensibilité, ont parfaitement assimilé l’esprit de ces œuvres, les restituant avec beaucoup d’intelligence et de finesse. » (DHM)

Le violoncelliste Alain Meunier, qui a enregistré ces deux sonates au seuil de ses 80 ans, aura passé sa vie à porter le témoignage de l’infinie richesse de la musique de chambre d’hier et d’aujourd’hui, privilégiant la découverte et le partage. Il est le dédicataire de nombreuses œuvres pour violoncelle seul, avec ensemble ou orchestre. Professant partout dans le monde, dont quasi 30 années dans les deux conservatoires nationaux supérieurs de Lyon et de Paris, il enseigne aujourd’hui à l’Académie d’Imola (Italie) et codirigé avec Anne Le Bozec les Fêtes Musicales de l’Aubrac.

Partenaire de très nombreux artistes musiciens et de l’art vivant, la pianiste Anne Le Bozec se consacre depuis bientôt trois décennies à la musique avec autrui voix, souffle, archet, percussion, danse, ce qui la met en mouvement est l’écoute, le partage, la musique ensemble. Elle transmet cet état d’esprit au sein de la classe d’accompagnement vocal qu’elle dirige au CNSM de Paris, plus particulièrement dans le domaine du Lied qu’elle a approfondi durant de nombreuses années d’étude et d’enseignement en Allemagne. Elle le vit aussi dans sa pratique soliste par son approche des pianos anciens, en dialogue avec ces témoins d’un temps où instrument et langage musical étaient miroirs respectifs. Sa riche discographie reflète ces multiples aspects, qu’elle en soit l’interprète, ou la directrice artistique pour des partenaires amis.

CD Le Palais des dégustateurs, PDD029

Enregistré en juin 2021, parution 2022

Production Eric Rouyer


Valentin SILVESTROV, Boris BERMAN

Boris Berman, piano

« Musique soviétique à 12 tons de contrebande… sortie clandestinement de l’Union soviétique…interprétée à New York avec l’identité du compositeur dissimulée… Un thriller d’espionnage d’Ian Fleming avec une improbable touche de musique moderne ? Jamais de la vie. Chaque mot est vrai et chaque note l’était aussi hier soir à la New School. »

Sous le titre captivant « Smuggled Avant-Carde – Music the Soviet Bars », ces mots ont ouvert la revue d’Eric Salzman dans le New York Herald Tribune du 14 mars 1964 d’un concert qui a eu lieu à la New School for Social Research de New York. Le programme comprenait « Suite for Piano (1961) from Contemporary Soviet 12-tone Composer (nom non publié) » interprété par le célèbre pianiste américain Paul Jacobs. Aujourd’hui, plus d’un demi-siècle plus tard, le nom de ce jeune compositeur, qui, pour des raisons évidentes, a préféré rester anonyme à l’époque, est connu dans le monde entier. Valentin Silvestrov (né en 1937) est à l’avant-garde de la musique du XXe et du XXIe siècle. Parmi sa vaste oeuvre, la fierté de la place appartient à la musique du piano, des courtes pièces aux sonates et aux œuvres avec orchestre. Il reflète l’évolution créative du compositeur d’une manière particulièrement forte, comme le démontre cet enregistrement.

[…]

« … Des morceaux aphoristiques, pointus », pour reprendre la revue américaine de 1964, et des bagatelles (post) romantiques naïves – ce sont des pôles opposés d’un même chemin ; des facettes différentes du « discours du poète » reconnaissable, malgré les années qui s’écoulent. Silvestrov lui-même est convaincu qu’« il n’y a pas eu de rupture mais une transition. Dans les pièces composées après les années 1960, l’avant-garde n’a pas disparu, mais s’est simplement retirée en coulisses et a imprégné la texture musicale de l’intérieur comme un grain de sel. La technique du compositeur fonctionne de manière cachée dans le domaine de l’invisible et de l’inouï. Cette humilité crée sa propre tension intérieure. » Ces mots peuvent être adressés à la fois à l’interprète et à l’auditeur.

Tajana Frumkis
(extrait du livret de présentation)

CD Le Palais des dégustateurs, PDD30
Enregistré en septembre 2022, parution 2022
Piano Steinway>
Production Eric Rouyer


BEETHOVEN, le dernier CD de Dominique Merlet

Sonate en mi bémol majeur, op. 27, n° 1, quasi una fantasia
Sonate en ut dièse mineur, op. 27, n° 2, quasi una fantasia, « Clair de lune »
Sonate en ré mineur, op. 31, n° 2, « Tempête »

Ultime enregistrement de ce grand pianiste trop discret, mais talentueux, son interprétation ici, tout comme dans le Clavier bien tempéré gravé en 2017, a fait dire par le producteur qu’il « s’agit d’un Beethoven pudique, intime, épuré, sur la retenue et la confession, sans aucune manipulation stylistique, ni aucun épanchement gratuit pour charmer artificiellement. » Il ressort en effet beaucoup d’intelligence et de sensibilité dont ne peuvent faire preuve que les musiciens ayant acquis une grande maturité artistique.

CD Le Palais des dégustateurs, PDD013

Enregistré en octobre 2016, parution en 2021
Direction artistique : Anne Le Bozec
Texte du livret : Stéphane Friédérich
rise de son : Alain Gandolfi
Production : Eric Rouyer/Le Palais des dégustateurs


Franz Schubert, »Complete Piano Trios », par Robert Levin (piano), Noah Bendix-Balgley (violon) et Peter Wiley (violoncelle),
enregistré en décembre 2016 au Couvent des Jacobins à Beaune sous la direction artistique de Pierre Carrive (et auteur du texte de présentation) et Marc Levent, paru en 2020 ( 2 CD PDD021).

Passionné de musique classique et caviste de métier, Eric Rouyer est le directeur du Palais des Dégustateurs à Ucel (Ardéche). A la fois Cave à vins, Dégustation auditive et Label discographique (2012), il a déjà produit plusieurs enregistrements souvent récompensés, avec les participations, entre autres, des pianistes Robert Levin, Ya-Fei Chuang, Boris Berman, Anne Le Bozec, Jean-Claude Vanden Eynden, Dominique Merlet, Christian Ivaldi, Jacques Rouvier, le violoniste Gérard Poulet, le violoncelliste Alain Meunier, l’ensemble de chanteurs Musica Nova de Lucien Kandel… Signalons également ses activités d’organisateur de concerts dans les grands domaines de Bourgogne, et son engagement pour la musique d’Albéric Magnard, avec l’édition de 2 CD et l’organisation de conférences par le professeur Pierre Magnard, petit-neveu du compositeur.

Voir catalogue discographique de ce label qui a déjà reçu plusieurs « Chocs » Classica, notamment pour les enregistrements des « Six Partitas BWV 825-830 » par Robert Levin, du « Clavier bien tempéré » par Dominique Merlet, et des « Trios pour violon, violoncelle et piano » (K.442 et 496) de Mozart par Hilary Hahn, Alain Meunier et Robert Levin.