Pizzicato : Ne manquez pas Silvestrov, Berman, la musique de six décennies

 Valentin Silvestrov: Triade + Elegie + Sonaten Nr. 2 & 3 + Kitsch-Musik + Postludium + Fünf Stücke + 3 Stücke, Berlin 2022; Boris Berman, Klavier; 2 CDs Le Palais des Dégustateurs PDD030; Aufnahme 06.2022, Veröffentlichung 11.2022 (o.A.) – Rezension von Remy Franck

Boris Berman nous emmène à travers les différentes périodes de création du compositeur ukrainien Valentin Silvestrov avec ce programme. Cela commence par Triade, une pièce écrite entre 1961 et 1966, qui, comme l’Élégie de 1967, exprime l’intérêt de Silvestrov pour la musique dodécaphonique. La Sonate n° 2 en un mouvement a été composée en 1975 et est beaucoup plus expressive. Berman lui confère même une atmosphère mystérieuse, comme le caractérise encore la troisième sonate de 1977.
Avec le Kitsch Music de 1977, on est alors à un tout autre niveau. Silvestrov a affirmé qu’il considérait le terme «kitsch» dans un sens élégiaque plutôt qu’ironique. Et parce que lui et Berman ont méticuleusement préparé ce CD ensemble, il réalise probablement ce que le compositeur voulait, à savoir une « évocation méditative du passé. »

Berman crée alors une merveilleuse atmosphère dans le Postlude, et ces impressions d’un langage romantique et mélancolique caractérisent également les Cinq Pièces de 2021. Enfin, Trois Pièces, composées en mars 2022, après la fuite de Silvestrov d’Ukraine, tourmentée par les armées de Poutine, se font entendre. . Une élégie, une chaconne et une pastorale composent cette œuvre. L’Élégie est infiniment triste, la Chaconne sonne, comme le dit le compositeur, comme une musique qui accepte dignement la mort. Puis, dans la Pastorale, même l’espérance transparaît.

Au final, l’auditeur reste là, happé par le souvenir de ce qu’il vient d’entendre, happé par la profondeur d’expression du jeu finement nuancé de Boris Berman.


Boris Berman takes us through the various creative periods of Ukrainian composer Valentin Silvestrov with this program. It begins with Triad, a piece written between 1961 and 1966, which, like the 1967 Elegy, expresses Silvestrov’s interest in twelve-tone music. The one-movement Sonata No. 2 was composed in 1975 and is much more expressive. Berman even gives it a mysterious atmosphere, as still characterizes the third sonata of 1977.

With the Kitsch Music of 1977, we are then on a completely different level. Silvestrov claimed that he thought of the term ‘kitsch’ in an elegiac rather than an ironic sense. And because he and Berman meticulously prepared this CD together, it probably achieves what the composer wanted, namely a « meditative evocation of the past. »

Berman then creates a wonderful atmosphere in the Postlude, and these impressions of a romantic, melancholy language also characterize the Five Pieces from 2021. Finally, Three Pieces, composed in March 2022, after Silvestrov’s escape from Ukraine, tormented by Putin’s armies, are heard. An elegy, a chaconne, and a pastoral make up this work. The Elegy is infinitely sad, the Chaconne sounds, as the composer says, as music that accepts death with dignity. Then, in the Pastorale, even hope comes through.

In the end, the listener sits there, caught up in the memory of what he has just heard, caught up in the depth of expression in the finely nuanced playing of Boris Berman.