Carlos Païta au sommet de son art de diriger
17/08/2024
Modeste Moussorgski / Maurice Ravel : Tableaux d’une Exposition ; Hector Berlioz : Symphonie fantastique ; Orchestre Philarmonique National, Orchestre Symphonique de Londres, Carlos Païta ; # Le Palais des Dégustateurs ; Enregistrements 1981, 1978, sortie 08.2024 (78’41) – Critique de Rémy Franck
Parmi les joyaux de cet enregistrement de Carlo Païta, on trouve celui des Tableaux d’une exposition de Modest Moussorgski, paru en 1981. Le chef choisit délibérément des tempi très inhabituels, tantôt très lents, tantôt très rapides. Cela aiguise la narration et l’expressivité et lui permet de faire ressortir les nombreux détails importants de la partition. Il y a dans cet enregistrement une infinité de poésie et de couleurs. L’Orchestre Philharmonique National le soutient magistralement.
Dans son interprétation de la Symphonie Fantastique de Berlioz, Païta accorde une grande importance au « Fantastique », qu’il rend incroyablement efficace.
Rien ne semble étudié ou forcé, au contraire. Païta laisse la musique se dérouler naturellement, et ses rubati et ses changements de tempo, ses accents et ses changements de couleur sont toujours cohérents et absolument fidèles au programme mis en musique par Berlioz.
La valse commence très viennoise puis devient de plus en plus oblique et douloureuse. Avec seulement 5 minutes et 47 secondes, l’enregistrement est le plus rapide que je connaisse.
Le troisième mouvement, Scène aux champs, est à la fois pastoral et expression d’angoisse mentale. Ce mouvement n’est pas souvent joué avec une telle intensité.
Païta dirige les deux derniers mouvements avec une bravoure virtuose et une opulence sonore difficile à égaler. Le London Symphony, l’un des meilleurs orchestres du monde à l’époque, est ici d’une grande aide. Mais ce ne sont pas seulement les tempos rapides qui captivent, mais aussi l’intensité électrisante de la musique qui rend les descriptions grotesques de l’exécution et du sabbat orgiaque des sorcières de Berlioz si grandioses. Il n’est pas étonnant que les critiques musicaux français aient décerné à cet enregistrement le Grand Prix du Disque lors de sa première sortie.